Céréales Retour de balancier (Tallage)
Tallage, cabinet d’études spécialisé dans les marchés des grains et des oléagineux, nous livre son analyse hebdomadaire.
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Après la hausse des semaines passées, c’est un mouvement de baisse qui affecte les céréales françaises cette semaine. Le blé meunier perd environ 1 €/t sur toutes les places (à 172 €/t rendu Rouen) et le blé fourrager descend même un peu plus fortement (–1,25 €/t à 158,5 €/t rendu Rouen). Sur Euronext, l’échéance de mars (à 171,25 €/t en milieu d’après-midi le 17 février), avait perdu 50 centimes par rapport à la clôture du 9 février. La baisse n’a toutefois pas affecté l’échéance de mai.
Du côté du maïs, les prix s’affaissent de presque 2 €/t rendu La Pallice (à 165,25 €/t) mais restent stables Fob Rhin (à 172 €/t). Petite exception : le prix de l’orge fourragère, et celui des orges brassicoles de printemps montent légèrement sur la semaine (à 145,75 €/t rendu Rouen et 164 €/t Fob Creil respectivement) tandis que le prix de l’orge brassicole de printemps reste stable (à 188 €/t Fob Creil).
Vague de ventes des investisseurs et des producteurs en blé
En toile de fond de ces évolutions, plusieurs facteurs importants à souligner cette semaine. Tout d’abord, sur le marché mondial, et notamment aux USA et sur la zone de la mer Noire, les prix du blé sont restés en hausse jusqu’au milieu de la semaine en raison de fortes ventes hebdomadaires aux USA et du maintien du rouble russe à un niveau élevé. Renversement jeudi avec de fortes ventes de la part des investisseurs financiers d’une part mais aussi des producteurs pour tirer profit de la hausse récente. Cette vague de vente a entraîné les prix US à la baisse et stoppé la montée lente mais régulière des prix russes, comprimés en plus par l’affaissement du rouble (après des semaines de fermeté). Étant donné que les blés européens restent en forte concurrence avec les disponibilités de la mer Noire, ils ont aussi dupliqué la baisse.
Bonne activité pourtant
Le marché mondial est pourtant actif actuellement : l’Égypte a lancé un appel d’offres hier soir dont le résultat est attendu pour les prochaines heures. La Jordanie est prévue à l’achat ce weekend. L’Irak, la Libye, le Maroc sont à l’achat aussi. Malgré tout, c’est bien, semble-t-il, l’ampleur des disponibilités qui finit par l’emporter et pèse sur les prix, aux USA notamment où les blés étaient devenus trop chers par rapport aux origines concurrentes de l’Europe ou de la mer Noire.
Le maïs mondial affecté par la Chine
En ce qui concerne le maïs, ce sont plutôt les bonnes perspectives des récoltes de l’Amérique du Sud qui exercent une pression. Les semis de la récolte d’hiver sont en cours au Brésil et ils se déroulent dans de très bonnes conditions. Par ailleurs, la Chine s’engage actuellement sur un programme de réduction de ses importations d’éthanol et de drêches et cela risque d’affecter négativement la demande d’éthanol et donc de maïs US.
Des conditions logistiques déterminantes pour le maïs
Enfin, après des avalanches, de la neige et des pluies intenses, les ports de la côte occidental des États-Unis ont été paralysés une partie de la semaine. Cela a fortement handicapé les chargements US et pesé en conséquence sur les prix de cette origine. Étant donné l’ampleur des volumes de maïs importés dans l’UE, les prix européens ont réagi à cette nouvelle pression. Ils ont été influencés aussi par un autre élément logistique : l’amélioration des conditions de navigation sur le Danube et le Rhin (remontée des eaux). Ces meilleures conditions vont permettre aux gros stocks de maïs hongrois d’atteindre les débouchés du nord de l’UE, concurrençant ainsi les maïs français.
La tension dans l’UE fait monter les cours du colza
Les prix du colza sont à l’inverse en hausse de façon assez marquée, gagnant 10,50 €/t rendu Rouen et 10 €/t pour le Fob Moselle. Le contrat Euronext remonte un peu plus modérément (+7,5 €/t à 426 €/t). Les cours sont de nouveau soutenus par un léger recul de l’euro face au dollar, mais surtout par la tension qui persiste dans l’UE. Le manque de disponibilités nécessite en effet un rationnement de la demande, ce qui passe par la réduction des marges de trituration (via la hausse des prix de la graine). Les dernières statistiques des Douanes indiquent qu’environ 1,44 Mt de colza sont arrivées dans l’UE entre juillet et décembre.
Le besoin d’importation janvier/juin est lui estimé à environ 2,25 Mt, mais ce total d’importations apparaît de plus en plus difficile à atteindre. La prime des cours européens par rapport aux prix du colza des pays qui exportent vers l’UE a donc augmenté cette semaine. En effet, les cours du canola au Canada sont en légère baisse cette semaine (–1,5 $/t), dans le sillage du soja. Il est à noter par ailleurs qu’en Australie, la récolte de 2016 a été revue à la hausse par le ministère à plus de 4,1 Mt (contre 3,6 Mt avant). Toutefois, les contraintes logistiques pourraient limiter les exportations à 2,9 Mt (dont 1,1 M fait à la fin de décembre).
Le tournesol est inchangé à 380 €/t à Saint-Nazaire, dans un marché assez atone, sous pression d’importations d’huile de tournesol élevées.
Léger recul des cours du soja
La baisse des cours entamée à la fin de la semaine dernière s’est poursuivie pour le soja à Chicago, où les prix sont en recul de 2,5 $/t cette semaine. Ils subissent une pression baissière en provenance de l’Amérique du Sud, avec des récoltes importantes qui arrivent. Au Brésil par exemple, la récolte avance vite avec environ 18 % des champs déjà moissonnés (contre 11 % en moyenne à cette date). Par ailleurs, des conditions climatiques favorables en Argentine pourraient permettre à la récolte de dépasser 55 millions de tonnes (Mt), selon la Bourse de Céréales de Buenos Aires.
Ces nouvelles baissières ont toutefois été atténuées par les derniers chiffres de vente de soja US (élevés, à presque 0,9 Mt pour la semaine du 9 février), qui portent le total vendu à 51,7 Mt, et par une trituration en janvier légèrement supérieure aux attentes. De plus, on signale un phénomène de rétention de la part des agriculteurs brésiliens qui pâtissent de la force de leur monnaie, le real (ce qui diminue les prix exprimés en monnaie locale). Néanmoins, avec le fort ralentissement attendu des exportations US dans les prochaines semaines, les cours du soja à Chicago devraient s’affaisser. La semaine prochaine, l’USDA publiera ses premières prévisions de surfaces semées au printemps prochain. Une forte hausse des surfaces de soja est attendue. Si elle est confirmée, cela pourrait accélérer le mouvement baissier.
La hausse des tourteaux se poursuit
Les prix des tourteaux poursuivent leur hausse cette semaine, gagnant 4 $/t à Chicago, et 6 €/t en France (au Montoir). Les cours sont notamment soutenus par une forte demande.
Le prix du pois fourrager est inchangé cette semaine (à 225 €/t départ Marne).
À SUIVRE : évolution du rouble et des prix de la zone de la mer Noire, compétitivité des blés américains (US), conditions logistiques dans le centre de l’UE et aux USA, conditions climatiques en Amérique du Sud et évolution du potentiel de rendement, publication des prévisions de surfaces US.
Tallage
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